PERSPECTIVES — Le sujet de la rénovation énergétique des logements privés engage autant les pouvoirs publics que les particuliers. Qu’ils soient propriétaires d’une maison individuelle ou copropriétaires, ceux-ci ont tout intérêt à envisager les travaux dans leur logement de façon globale et à long terme, pour en tirer le meilleur profit autant sur le plan financier qu’environnemental.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Si le concept de la rénovation d’un logement paraît facile à appréhender, les particuliers auront besoin d’une patience et d’une clairvoyance à toute épreuve pour s’y retrouver dans la jungle des obligations, autorisations et appellations administratives diverses. À commencer par le désormais légendaire diagnostic de performance énergétique (DPE), dont nul ne conteste la nécessité, mais dont la mise en application et le calendrier rappellent furieusement Les 12 travaux d’Astérix (lire à ce sujet le dossier de 25 millions de propriétaires de février 2024). Il en va de même du maquis des aides et subventions censées accélérer le processus, mais dont le versement prend des allures de couacs et de retards généralisés. À tel point que le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a dû enfiler son casque de chantier et ses chaussures de sécurité avant d’annoncer en février et mars derniers une vague de simplifications des dispositifs existants !
Agacement grandissant chez les propriétaires
Au-delà de l’enjeu environnemental, il s’agit d’une question sociétale et politique majeure, car selon l’Observatoire DPE/ADEME, 15 % des logements en copropriété sont actuellement classés F ou G selon le DPE et sont donc considérés comme des passoires thermiques. En ajoutant les maisons individuelles, on arrive à 7 ou 8 millions de logements concernés, selon Corinne Jolly, présidente de PAP (Particulier à Particulier), qui a organisé le Salon de l’immobilier Neuf et de la Rénovation Energé- tique en mars 2024 à Paris : « Nous notons chez les propriétaires un agacement grandissant face à ce sujet qui présente un caractère d’urgence, mais baigne dans une grande confusion. En effet, même si nous comprenons tous la nécessité de faire progresser le parc immobilier sur le plan énergétique et environnemental, force est de constater que rien n’est fait pour que les propriétaires se sentent rassurés par des mesures claires et un calendrier inamovible... Résultat, ils ne s’approprient pas l’objectif et n’envisagent souvent les rénovations qu’a minima, par obligation, une lettre E au DPE leur suffisant pour être sereins jusqu’à 2034 s’ils louent leur bien. »