J’ai plusieurs fois fait part à Madame Wargon, notre ministre, de l’inquiétude, légitime, des propriétaires face au calendrier imposé pour améliorer la qualité énergétique de leurs logements. Tous les acteurs s’accordent à dénoncer ce calendrier. Il est irréaliste et non tenable.
Le jeu de bonneteau de la réforme du DPE avec 800000 logements qui entreront ou sortiront des classes énergétiques F et G plonge tous les propriétaires dans une incertitude totale. Pire, une nouvelle contrainte vient d’être votée par le Parlement : atteindre la classe D. Je mesure votre découragement. J’en ai solennellement fait part à Madame la ministre le jour même de ce vote.
Les premiers pénalisés seront les propriétaires ruraux qui se chauffent au fioul en maison individuelle. Ce ne seront malheureusement pas les seuls...Les propriétaires bailleurs voient, en parallèle, les contraintes s’empiler : encadrement des loyers, permis de louer, obligation de rénovation, modification des règlements sanitaires départementaux, prolongation de la trêve hivernale sans concertation cette année, dossier dramatique des squats non traité.
La fiscalité pesant sur l’immobilier est très forte : 17,2% de prélèvements sociaux sur les loyers, IFI qui rattrape à lui seul les recettes de l’ISF, explosion des impôts fonciers. Je me suis permis de rappeler à notre ministre que les taxes foncières, prélevées sans ménagement en cette année de pandémie, représentent 2,3 mois de loyers en moyenne nationale et jusqu’à 4 mois dans certaines communes.
Les objectifs sur la rénovation énergétique sont certes ambitieux mais surtout ils comportent de nombreux freins.
Techniques tout d’abord : tous les immeubles ne pourront pas atteindre la classe énergétique. Financiers ensuite : le retour sur investissement et l’hypothétique valeur verte des logements seront largement déficitaires. Les aides sont faibles.
Juridiques enfin : comment expliquer à un bailleur ou à un propriétaire occupant qu’il ne pourra pas remplir ses obligations si la copropriété refuse les travaux permettant une rénovation énergétique globale...
Le compte n’y est pas. Le compte n’y est plus. Nous ferons évidemment de nouvelles propositions dès cette semaine; les rendez-vous ministériels sont pris. Les conditions de logement de 5 millions de Français sont mises en péril. La coupe est pleine.Christophe Demerson
Président de l'UNPI
@DemersonUNPI