La loi Alur avait créé l’encadrement des loyers en 2014. Après son annulation par la justice à Paris et à Lille, la loi Élan l’a rétabli en 2018.
Certes, la nouvelle version du dispositif connaît quelques variantes par rapport au dispositif initial : il est remis en œuvre à titre expérimental, pour 5 ans, et il est institué à l’initiative des collectivités locales. Mais sur le fond, le mécanisme est le même. Il souffre donc des mêmes vices intrinsèques.
Les textes d’application nécessaires ayant été publiés, l’UNPI a décidé de relancer le combat sur le plan judiciaire.
Afin de présenter les raisons de ce choix, l’UNPI avait organisé le 1er juillet à Paris une conférence de presse.
Le président de l’UNPI, Christophe Demerson a souligné le risque de destruction de l’offre locative que comportait ce dispositif. Le président ajoute qu’à l’heure où les pouvoirs publics veulent que les bailleurs effectuent des travaux dans les logements, notamment pour en améliorer l’efficacité énergique, l’encadrement est un mauvais signal qui leur est adressé.
Il faut comparer les loyers parisiens avec ceux des grandes villes du monde, à surfaces équivalentes, explique Frédéric Pelissolo (photo à gauche), le président de l’UNPI Paris. Au loyer parisien de 26 € le m2, il faut comparer un loyer de 37 € à Moscou, de 50 € à Manhattan ou de 50 € à 60 € à Londres.
Quant à l’évolution des loyers, elle est depuis plusieurs années inférieure à celle de l’inflation, comme l’a démontré Clameur. Par ailleurs la rentabilité de l’investissement locatif à Paris est très faible. Pour un prix de vente de 10 000 € le m2, la rentabilité ne dépasse pas 3 % bruts. Si on retranche les frais et impôts, la rentabilité nette est inférieure à 1 %, hors IFI. Frédéric Pelissolo ajoute que le dispositif est très complexe car il doit être combiné avec le blocage des loyers, qui subsiste.
Frédéric Zumbiehl (photo à droite), juriste à l’UNPI, rappelle que le nouveau dispositif d’encadrement peut être limité à une partie du territoire d’une agglomération, ce qui répond ainsi à la faille qui avait provoqué l’invalidation du dispositif précédent.
Il insiste sur le fait que le préfet peut infliger une forte amende administrative au bailleur qui ne respecte par l'encadrement.
Pour mettre en place l’encadrement, il faut, après demande de la collectivité locale concernée, qu’un décret détermine le périmètre d’application de l’encadrement. Puis un arrêté préfectoral doit fixer les loyers de référence.
L’UNPI observe que l’arrêté préfectoral qui fixe 244 loyers de référence ne tient pas compte de l’état du bien, de son confort et de sa classification énergétique.
L’UNPI avance une série d’arguments pour démontrer les failles juridiques de l’encadrement.Exemples :
C’est en deux phases que l’UNPI engage le recours judiciaire :
D’autres recours pourront être engagés devant le Conseil constitutionnel par le biais d’une question prioritaire de constitutionnalité ou devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Me Cohen (photo à gauche) a par ailleurs souligné les difficultés d’interprétation que soulèvent ces textes. Il estime par exemple que l'encadrement n’a pas vocation à s’appliquer lors d’une reconduction tacite du bail, mais cette analyse pourrait être contestée.