Passer un hiver chaud mais plus économe

STRATÉGIE — Près de 2/3 de notre facture d’énergie annuelle est consacrée au chauffage. Pour passer l’hiver au chaud sans faire exploser son budget énergétique, il faut choisir un système de chauffage économique, adapté à ses besoins et à ses habitudes de vie. Quelques écogestes, simples à adopter, sont également de rigueur.

La pompe à chaleur a récemment été présentée par le gouvernement comme une solution d’avenir, écologique et économique, permettant de faire baisser les factures énergétiques jusqu’à 60 %. Il est d’ailleurs prévu de produire 1 million de PAC en France d’ici 2027 et de former de nouveaux installateurs. Pour les logements déjà équipés d’un réseau d’eau chaude dédié au chauffage (chaudière + radiateurs), la pompe à chaleur air-eau, qui capte les calories de l’air extérieur pour les restituer dans le circuit d’eau chaude, est l’option à privilégier. Mais pour apprécier la performance d’une PAC, il faut tenir compte de son COP (Coefficient de Performance) qui définit son rendement. Par exemple, une PAC avec un COP de 3 restitue 3 kWh d’énergie par kW d’électricité utilisé. Son fonctionnement et son efficacité sont aussi tributaires des températures et de la région dans laquelle vous habitez. En plus de l’achat de l’appareil, il faut inclure le prix de l’installation, portant l’investissement entre 6 000 et 10 000 €. Cependant, la pompe à chaleur air-eau bénéficie d’une éligibilité aux aides financières de l’État pour les travaux : MaPrimeRenov’, les CEE (1) des fournisseurs d’énergie, les aides de l’ANAH, des départements et des communes.

Bois ou gaz, deux alternatives

Pour remplacer votre vieille chaudière au fioul ou au gaz, vous pouvez vous tourner vers une chaudière biomasse fonctionnant au bois (granulés, sciure, écorce, résidus organiques, paille, coques de fruits…) dont le rendement peut aller jusqu’à 95 %. En plus, le bois reste l’énergie la moins chère et présente un excellent bilan carbone. La chaudière biomasse peut chauffer l’ensemble du logement et même fournir l’eau chaude sanitaire, mais il est conseillé de choisir un appareil répondant aux critères de la norme NF EN 303.5 (classe 5) ou qui porte le label Flamme Verte. À noter que l’installation de ce type de chaudière nécessite quelques travaux et la disponibilité d’un espace de stockage pour les granulés ou les bûches et reste donc élevé (entre 5 000 et plus de 20 000 € en fonction du rendement de l’appareil et du type de chargement, manuel ou automatique). Si vous désirez continuer avec le gaz, optez pour une chaudière à condensation, à Très Haute Performance Énergétique (THPE) et considérée comme un système de chauffage peu onéreux. Son principe est d’utiliser la vapeur d’eau contenue dans la fumée, augmentant la température du fluide caloporteur et permettant de consommer jusqu’à 30 % de moins de gaz qu’une chaudière classique.

Chauffage indépendant

Fan d’électricité, il faut garder en tête qu’il s’agit de l’énergie la plus coûteuse. Seuls les radiateurs à inertie fluide ou sèche tirent leur épingle du jeu, en accumulant la chaleur avant de la redistribuer pendant plusieurs heures, à condition de disposer d’un logement bien isolé. Certains modèles intelligents

 

`OBLIGATION

Entretien obligatoire

Pour fonctionner à plein rendement, une chaudière doit être correctement entretenue, car mal réglée, elle peut être source de surconsommations, mais aussi de production de pollution. Une révision annuelle est d’ailleurs obligatoire pour les chaudières fioul, gaz ou bois et largement conseillée pour les pompes à chaleur et les systèmes solaires combinés. Pour ne pas négliger l’entretien de vos systèmes de chauffage, mettez en place un contrat de maintenance avec l’installateur agréé de votre choix, assorti ou non d’un engagement pour dépannage. Une visite d’entretien tous les ans doit aussi être prévue pour les poêles à bois, les inserts et les foyers fermés afin de vérifier notamment l’état des joints et du brûleur, mais aussi afin de ramoner, les conduits d’évacuation équipés d’un système de régulation sont programmables à distance et permettent de piloter différentes zones de chauffe indépendamment depuis une seule interface pour adapter au mieux votre consommation électrique à vos besoins de chauffage. Vous pouvez aussi choisir une pompe à chaleur air-air qui puise les calories dans l’air extérieur pour les restituer à l’intérieur sous forme d’air chaud grâce à un ou plusieurs « splits » ou ventilo-convecteurs qui font aussi souvent office de climatisation. L’énergie solaire peut être envisagée pour une autoconsommation grâce à des panneaux solaires photovoltaïques installés sur le toit de la maison. Le plus gros inconvénient reste l’intermittence de cette production : impossible la nuit ou limitée lorsque les journées raccourcissent et quand le soleil brille peu en hiver…

Thermostat d’ambiance obligatoire

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) assure que la consommation globale d’un logement en chauffage peut diminuer de 25 % avec l’installation de thermostats d’ambiance programmables ou connectés. Leur rôle est de piloter la température d’un logement ou d’une pièce de la manière la plus précise possible en déterminant des consignes différentes selon le jour et la nuit et des tranches horaires dans lesquelles vous êtes présent dans votre logement, etc. Si vous disposez d’une chaudière, il est possible de connecter directement le thermostat à celle-ci et c’est une sonde placée dans une des pièces à vivre qui mesure la température mais il semblerait que les dispositifs les plus efficaces pour faire un maximum d’économies d’énergie sont ceux bénéficiant d’une sonde de température extérieure. Un thermostat d’ambiance peut également être placé sur chaque radiateur, y compris électrique. Selon le plan de Sobriété Énergétique engagé par l’État, tous les bâtiments (logements, bureaux) devront être équipés de thermostats d’ici le 1er janvier 2027  et pour permettre à tous les Français de s’équiper, un « plan thermostat » devrait être lancé d’ici à l’hiver prochain, mobilisant tous les acteurs de la filière : fabricants, distributeurs, entreprises de maintenance de chauffage, énergéticiens…

Des écogestes simples à appliquer

Adopter des gestes simples au quotidien renforce l’optimisation de la consommation énergétique. Baisser le chauffage de 1 °C par exemple permet d’économiser 7 % de chauffage par an. Il faut aussi veiller à ne chauffer que les pièces occupées en fermant les portes d’accès aux chambres inoccupées, au cellier, à la cave, au sous-sol. Pensez à éteindre les radiateurs quand vous aérez si vos appareils ne sont pas équipés de détecteurs de fenêtres ouvertes. D’une manière générale, l’isolation est indispensable mais vous pouvez aussi maximiser l’effet cocooning en posant d’épais double-rideaux devant les fenêtres, des tapis sur des sols carrelés, des plaids pour se lover… Pour bénéficier d’une chaleur homogène, un logement confortable doit être ni trop sec ni trop humide : un taux d’humidité entre 40 et 60 % est parfait. Vérifiez également les systèmes de ventilation, les bouches d’aération, multipliez les humidificateurs d’air sur les radiateurs, équipez-vous de purificateurs d’air ou d’ionisateurs si besoin.

 

PARTICULARITÉ

Le cas des copropriétés

Le chauffage au fioul étant progressivement interdit dans tous les logements, y compris collectifs, il est parfois obligatoire de trouver des alternatives faisant la part belle aux énergies renouvelables dans le parc existant. Plus la copropriété comporte de lots et d’appartements, plus la solution collective est privilégiée sur le plan budgétaire mais quelle que soit la solution retenue, il est primordial que chaque résident puisse réguler sa consommation. Lorsque la production est mutualisée, l’individualisation des frais de chauffage est obligatoire depuis la loi relative à la transition énergétique du 17 août 2015, renforcée par la loi Elan. « Pour mesurer la consommation individuelle de chaque copropriétaire, il existe deux outils : les compteurs d’énergie thermique pour un réseau de chauffage horizontal et des répartiteurs de frais de chauffage pour un réseau vertical », précise Laurent Sireix, Président d’Ista, société qui accompagne les gestionnaires d’immeubles dans l’application de la loi et qui assure en plus aux résidents un suivi personnalisé et connecté de leurs consommations : alertes mail/ SMS en cas de surconsommation, paramétrages d’objectifs de consommations en fonction d’un logement comparable et formation aux écogestes.