Adapter son logement au changement climatique

STRATÉGIE Déphasage thermique, BSO (brise-soleil orientable), domotique, cool roofing… autant de termes qu’il faut désormais intégrer pour lutter contre les excès de surchauffe dans les logements. Des pistes pour perdre quelques degrés et optimiser son confort d’été.

D’année en année, les épisodes caniculaires se multiplient et ce changement climatique impacte de plus en plus notre quotidien, créant notamment des problèmes de surchauffe dans les logements. Il devient donc urgent de trouver des solutions adaptées et faciles à mettre en œuvre pour améliorer le confort d’été. Certaines dépenses liées à ces améliorations sont d’ailleurs éligibles au dispositif MaPrimeRénov’ (voir encadré). La première solution à envisager est la réalisation d’une isolation dans les règles de l’art. Il est ensuite possible d’opter pour la pose de brise-soleil, de stores extérieurs ou de pergolas qui évitent que les rayons du soleil n’atteignent les baies vitrées et l’intérieur des pièces à vivre. À l’extérieur également il est important de préparer un environnement plus favorable en choisissant des végétaux supportant mieux la sécheresse et en installant un indispensable récupérateur d’eau de pluie. Quelques techniques dont le cool roofing sont en train d’émerger… À suivre.

 

Isolation de rigueur

Lorsqu’on parle d’isolation thermique, on pense protection contre le froid, mais des isolants performants permettent aussi de lutter contre les excès de chaleur. Concernant le confort d’été, les deux paramètres à prendre en compte pour le choix de l’isolant sont la résistance thermique et le déphasage thermique. La résistance thermique, qui s’exprime en mètre carré kelvin par watt (m2K/W), est la capacité d’un isolant à ralentir le passage de la chaleur. La valeur R est utilisée comme valeur de référence : plus le R est élevé, plus l’isolation est performante. La résistance thermique est aussi proportionnelle à l’épaisseur de l’isolant, donc deux couches de laine de verre valent mieux qu’une ! Pour obtenir un bon confort d’été, il faut surtout prendre en compte le déphasage thermique qui indique le temps que met la chaleur pour traverser l’isolant. Un isolant performant en termes de déphasage thermique évite bien souvent d’utiliser un système de climatisation énergivore et polluant.

Ce déphasage s’exprime en heures : plus le nombre d’heures est élevé, plus l’isolant est protecteur. Par exemple, certains panneaux de fibres de bois ou de liège expansé promettent plus de 12 heures de déphasage contre 4 heures pour la laine de verre et 6 heures pour la laine de roche ; le temps de traversée de l’isolant par la chaleur étant étroitement lié à l’inertie thermique du matériau.

 

Protection des menuiseries

Si l’installation de fenêtres et de portes-fenêtres isolantes et/ou de vitrages thermiques dépasse votre budget, pensez aux dispositifs extérieurs — store extérieur, brise-soleil ou pergola — qui font office de barrières aux rayons du soleil, évitant que les murs n’en absorbent la chaleur. Le store banne d’extérieur (1), en plus de bloquer la chaleur à distance des surfaces vitrées comme le feraient des volets, peut abriter un espace de vie extérieur. Les stores d’extérieur se déclinent dans une large palette de coloris et de motifs permettant de combiner esthétisme et praticité, mais pour éviter l’effet de serre, il est conseillé de choisir des toiles micro-perforées qui permettent l’évacuation de la chaleur et créent une circulation d’air sous le store. Ces toiles offrent également un excellent confort visuel, laissant passer une partie de la lumière sans éblouir. Le store coulissant en toile screen et le brise-soleil orientable s’appliquent quant à eux directement devant les vitrages à l’extérieur et font baisser la température de la pièce de plusieurs degrés. Ils sont réalisables dans toutes les dimensions et arrêtent jusqu’à 85 % du rayonnement solaire, absorbant les rayons pour les réfléchir vers l’extérieur. Les lames du brise-soleil en aluminium peuvent être plates, ourlées pour une résistance accrue aux intempéries ou en Z permettant une meilleure occultation en position fermée et sont inclinables à volonté pour moduler la luminosité. Si vous choisissez une pergola, misez sur un modèle bioclimatique adossé, équipé d’un toit en lames d’aluminium orientables et rétractables qui permettent de doser le niveau d’ombrage souhaité et de réguler naturellement la température intérieure.

 

Récupérer l’eau de pluie

L’eau de pluie est gratuite et utilisable pour arroser son jardin, nettoyer sa terrasse ou alimenter la chasse d’eau des toilettes par exemple, sous certaines conditions. Pour récupérer cette eau pluviale, il faut commencer par installer ou vérifier le réseau de gouttières existant qui peut acheminer le précieux liquide dans des récupérateurs d’eau aériens à placer sous l’évacuation de la gouttière. On en trouve dans de nombreuses couleurs et formes, certains imitant des amphores, un muret de pierre ou une colonne romaine ! Si vous optez pour un modèle de base, vous pouvez toujours le camoufler dans une caisse en bois ou derrière une plante grimpante. Il existe également des cuves enterrées à associer à un réseau d’acheminement spécifique. Ces cuves sont généralement fabriquées en béton ou en polyéthylène (PEHD) et leur capacité de stockage varie entre 1 000 et 10 000 litres, voire plus. Le béton a l’avantage de supporter le passage d’un véhicule, mais les cuves en polyéthylène sont plus souples et plus faciles à manipuler et à installer. Il existe des kits de récupération pour le jardin et pour la maison, préassemblé et prêt à l’usage, qui permettent de mieux gérer le système d’alimentation, de contrôler le niveau de pluie dans la citerne et de passer automatiquement à l’eau courante lorsque le niveau d’eau de pluie est épuisé.

 

Avec la domotique, c’est automatique

Désignant l’ensemble des techniques de gestion automatisée d’un logement, la domotique concerne aussi l’ouverture et la fermeture des menuiseries extérieures, des brise-soleil et des stores, soit à des heures fixes en été, soit en fonction du degré d’ensoleillement si vous installez un capteur d’ensoleillement sur votre façade. Avec un capteur de température intérieure, dès qu’une variation est détectée, l’ouverture ou la fermeture des volets roulants peut être déclenchée. La domotique est indispensable pour programmer des scénarios en fonction du degré d’ensoleillement et de l’orientation de votre logement, mais aussi pour piloter à distance les objets et fonctions connectés comme le fonctionnement de la VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) selon l’hygrométrie ou le déclenchement de l’arrosage du jardin en cas de besoin. En période de canicule, même une bonne gestion des ouvertures et fermetures des menuiseries et des stores peut s’avérer insuffisante. Couplée à un système de climatisation, la domotique joue alors un rôle de médiateur pour n’activer le climatiseur ou la pompe à chaleur réversible qu’en cas de réel besoin, en fonction d’une température programmée et permet ainsi d’utiliser ces appareils de manière plus raisonnée pour une consommation énergétique optimisée.

 

TENDANCE

Les surfaces végétalisées ont le vent en poupe

L’évapotranspiration des plantes présente sur les façades végétales participe à l’abaissement de la température ambiante dans la maison, grâce au phénomène d’échange de chaleur entre l’eau rejet.e par la plante et l’air. Mais pour que les façades ou les toitures végétalisées apportent un réel rafraîchissement, il faut des surfaces importantes et une humidité constante. L’arrosage n’est pas toujours possible pendant les périodes de sécheresse, aussi est-il important de bien choisir ses types de plantes (type sédums qui possèdent des feuilles charnues gorgées d’eau), l’épaisseur du substrat et le mode d’irrigation (type goutte à goutte). De même, vous pouvez faire de votre jardin un allié pour lutter contre la chaleur. Les végétaux apportent de l’ombre et rafraîchissent l’atmosphère. Selon l’Ademe (source Building Green), un seul arbre mature peut évaporer 450 litres d’eau par jour soit l’équivalent de 5 climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour !

 

À SAVOIR

Le cool roofing, qu’est-ce que c’est ?

Le cool roofing est une technique qui consiste à repeindre les toits en blanc. Scientifiquement prouvée, elle permettrait de limiter l’absorption de chaleur du bâtiment et engendrerait une baisse de plus de 5 °C à l’intérieur des logements. Certains professionnels ont mis au point des solutions avec des fabricants de peinture français pour proposer des produits émettant un faible taux de COV (composé organique volatil) et qui renforcent les performances thermo-réflectives du revêtement existant. La performance des produits utilisés se calcule par le pourcentage du rayonnement solaire réfléchi et l’émissivité thermique. L’intérêt est aussi que ce produit possède une bonne stabilité dans le temps. Dans les copropriétés, le cool roofing est une solution à envisager en cas de rénovation d’un toit-terrasse, mais celle-ci devra être nettoyée régulièrement pour ne pas perdre de sa réflectivité. La Chambre Syndicale de l’étanchéité précise aussi qu’il faut vérifier la compatibilité chimique entre la peinture blanche utilisée et la membrane d’étanchéité, mais le problème semble être réglé avec les revêtements acryliques en phase aqueuse de plus en plus souvent proposés.

 

RÉNOVATION

MaPrimeRénov’ poursuit son évolution

À partir du 15 mai, il ne sera plus nécessaire de fournir un diagnostic de performance énergétique (DPE) dans le cadre d’une rénovation par geste de travaux et surtout il sera possible de réaliser des travaux monogestes sans être obligé de réaliser un geste de chauffage. L’accès à ce parcours par geste sera étendu aux maisons individuelles classées F et G. Enfin, l’éligibilité de l’installation d’un systême de ventilation mécanique contrôlée double flux sera conditionnée à la réalisation concomitante d’un geste d’isolation éligible à la prime. Pour améliorer le confort d’été sont éligibles : l’isolation thermique des murs (par l’extérieur et l’intérieur), des toitures, des plafonds de combles, des toitures-terrasses, des parois vitrées, ainsi que les pompes à chaleur réversibles. Le montant des primes est fonction des revenus (voir https://www.anah.gouv.fr/sites/default/files/2024-02/202402_Guide_des_aides_WEBA.pdf).