La transmission de patrimoine est un sujet souvent repoussé, par crainte de sa complexité ou par peur d’anticiper l’inévitable. Pourtant, en 2025, les règles fiscales en vigueur offrent un cadre particulièrement favorable aux donations, notamment entre parents et enfants. Qu’il s’agisse d’un projet immobilier, d’un soutien financier ou d’une organisation patrimoniale à long terme, la donation peut devenir un véritable levier d’optimisation… à condition d’en maîtriser les conditions.
Entre les abattements toujours en place, la fiscalité de la nue-propriété et les dispositifs ponctuels prolongés ou ajustés par la loi de finances 2025, plusieurs opportunités s’offrent aux familles pour transmettre tout ou partie de leur patrimoine dans des conditions avantageuses. Voici ce qu’il faut savoir pour agir au bon moment et dans les bonnes formes.
Une fiscalité toujours avantageuse sous conditions
En matière de donation, la règle d’or reste la suivante : plus on anticipe, plus on allège la fiscalité. Le barème des droits de donation dépend du lien de parenté entre le donateur et le donataire. En ligne directe, chaque parent peut donner jusqu’à 100 000 € par enfant tous les 15 ans, en franchise d’impôt. Pour les grands-parents, l’abattement est de 31 865 € par petit-enfant, et 5 310 € par arrière-petit-enfant.
Ces abattements se reconstituent tous les 15 ans, ce qui signifie qu’un parent peut transmettre 100 000 € aujourd’hui à chacun de ses enfants, sans impôt, puis recommencer dans quinze ans… voire avant, en cas de nouvelle réforme favorable.
En 2025, la loi de finances reconduit plusieurs dispositifs incitatifs, comme la possibilité de donner jusqu’à 31 865 € supplémentaires pour aider un enfant à financer un projet immobilier, créer son entreprise ou effectuer des travaux énergétiques dans un logement. Cette "donation exceptionnelle" n’est pas cumulable avec d’autres aides, mais elle reste particulièrement utile dans un contexte de marché tendu et de taux d’intérêt élevés.
Donation en pleine propriété ou en démembrement : deux stratégies distinctes
Donner un bien immobilier ou une somme d’argent peut se faire de deux manières : en pleine propriété, ou en démembrement (nue-propriété et usufruit). Dans le premier cas, le donataire devient immédiatement propriétaire du bien, ce qui est adapté pour des jeunes adultes autonomes ou des transmissions simples.
Dans le second cas, le donateur conserve l’usufruit (le droit d’occuper ou de percevoir les loyers) tandis que l’enfant reçoit la nue-propriété. À son décès, l’usufruit s’éteint automatiquement, sans droits supplémentaires à payer. Ce montage est particulièrement intéressant pour les donations immobilières, car la valeur taxable est réduite : plus le donateur est âgé, plus l’usufruit est valorisé, et plus la nue-propriété est fiscalement légère.
Cette technique permet aussi de transmettre progressivement, sans pour autant perdre le contrôle du bien au quotidien. En revanche, elle nécessite un acte notarié et une gestion rigoureuse de la propriété démembrée.
Quels biens transmettre en priorité en 2025 ?
Tout dépend des objectifs de la famille. Mais certaines stratégies se démarquent en 2025 :
– Les biens immobiliers à forte valeur latente (résidence secondaire, bien locatif anciennement acquis)
– Les liquidités dormantes non nécessaires aux besoins immédiats
– Les parts de SCI ou d’entreprise familiale, dans une logique de transmission patrimoniale structurée
– Un apport au profit d’un enfant primo-accédant pour faciliter un achat immobilier dans un contexte de taux encore tendus
La clé est d’identifier ce qui peut être transmis sans fragiliser l’équilibre du donateur, et de sécuriser l’opération avec un notaire. Le coût d’un acte de donation est raisonnable au regard des économies potentielles sur les droits de succession.
Attention aux règles de déclaration et aux délais
Pour être valable, une donation doit être déclarée à l’administration fiscale dans le mois suivant l’acte. Si elle porte sur un bien immobilier ou un montant important, elle doit obligatoirement être réalisée par acte notarié.
Certaines familles optent pour des donations partages, qui permettent de répartir équitablement le patrimoine entre plusieurs enfants tout en évitant les litiges futurs. D’autres préfèrent fragmenter les transmissions dans le temps pour bénéficier plusieurs fois des abattements.
Quelle que soit la stratégie choisie, l’important est de garder une traçabilité parfaite, surtout si le donateur conserve l’usufruit, ou si la donation est réintégrable dans une succession ultérieure. Le conseil d’un professionnel est ici indispensable.
Donation et succession : deux temps à articuler intelligemment
Anticiper la transmission de son patrimoine par la donation permet d’alléger la fiscalité de la succession, voire de l’organiser totalement en amont. Car une succession mal préparée peut générer des frais importants, des blocages ou des tensions entre héritiers.
En 2025, alors que les prix immobiliers évoluent fortement selon les régions et que les politiques fiscales se durcissent progressivement, faire une donation aujourd’hui peut aussi permettre d’optimiser la valeur transmise, avant qu’elle ne soit redéfinie par de nouvelles règles ou par des évolutions patrimoniales imprévues (revente, revalorisation, sinistre…).
En résumé
La donation est aujourd’hui l’un des moyens les plus souples et efficaces de transmettre son patrimoine, tout en conservant la maîtrise de sa gestion. En 2025, le contexte fiscal reste favorable, à condition d’anticiper, de déclarer correctement, et de choisir les bons leviers (abattements, démembrement, donation-partage…) ? Besoin de conseils pour organiser sereinement la transmission de vos biens ?
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