Dans une copropriété, chacun doit respecter des règles précises pour garantir la bonne entente et la tranquillité de tous. Mais que faire lorsqu’un copropriétaire entreprend des travaux sans aucune autorisation ? Qu’il s’agisse d’un simple abattement de cloison ou de la transformation plus lourde d’un lot, les conséquences peuvent être sérieuses, aussi bien sur la structure du bâtiment que sur la qualité de vie des résidents. Mieux vaut donc savoir identifier ce qui est autorisé, ce qui ne l’est pas… et comment agir efficacement sans déclencher un conflit.
Travaux privatifs ne veut pas dire sans règles
Dans les parties privatives, tout copropriétaire est libre d’effectuer des travaux tant qu’ils ne nuisent pas aux autres ou à l’immeuble. Mais cette liberté a ses limites : dès lors qu’un projet affecte les parties communes (murs porteurs, canalisations, façade, plancher…), une autorisation en assemblée générale est indispensable. Même l’installation d’un parquet peut exiger une validation s’il modifie l’acoustique du bâtiment ou perturbe l’usage des autres lots.
Les travaux visibles de l’extérieur, comme la pose d’une climatisation, le changement de fenêtres ou l’installation d’une pergola sur une terrasse, doivent également être soumis à l’approbation de la copropriété. Dans certains cas, une autorisation d’urbanisme ou l’accord des Architectes des Bâtiments de France (en secteur protégé) est aussi requise.
Agir sans autorisation, c’est donc risquer une remise en état à ses frais… mais aussi créer des tensions durables avec les autres résidents.
Premiers réflexes : observer, informer, dialoguer
Face à des travaux qui vous semblent non autorisés, il convient d’agir avec méthode. Avant toute chose, renseignez-vous auprès du syndic : une autorisation a-t-elle été votée récemment ? Certains travaux peuvent en effet avoir été validés sans que tous les copropriétaires ne l’aient remarqué, notamment si les comptes rendus d’assemblée générale n’ont pas été consultés.
Si aucune autorisation n’a été donnée, il est recommandé d’adresser un courrier simple ou recommandé au voisin concerné, en lui demandant des précisions sur la nature des travaux et sur l’éventuelle autorisation obtenue. Cette démarche, posée et sans accusation, permet souvent de désamorcer la situation, notamment en cas d’oubli ou d’incompréhension des règles.
Dans les cas plus tendus, vous pouvez également saisir le syndic, qui représente légalement la copropriété. Il est de son devoir de rappeler à l’ordre tout copropriétaire qui agit sans l’autorisation requise et de faire respecter les décisions votées en assemblée.
Quels recours si les travaux persistent ?
Lorsque le dialogue échoue et que les travaux se poursuivent malgré leur caractère illégal, la copropriété peut engager plusieurs actions :
Il est essentiel, dans ce cas, de constituer un dossier solide : photos des travaux, attestations de voisins, constats d’huissier, absence de vote en assemblée… Chaque élément permettra au juge de constater l’illégalité de la situation.
Travaux en location : qui est responsable ?
La question se complique lorsqu’il ne s’agit pas d’un copropriétaire occupant, mais d’un locataire. En principe, seuls les travaux dits d’embellissement (peinture, décoration, pose de meubles démontables) sont autorisés sans l’accord du bailleur. Toute modification structurelle ou technique doit être soumise à l’accord écrit du propriétaire.
En copropriété, si un locataire effectue des travaux affectant les parties communes, c’est le propriétaire-bailleur qui est responsable devant le syndicat. Il doit alors veiller à encadrer précisément les droits et devoirs du locataire dans le bail, et réagir sans délai si une infraction est signalée.
Éviter les conflits : la prévention avant tout
Le respect du règlement de copropriété, la clarté des décisions prises en assemblée générale, et l’information des résidents sont les meilleurs remparts contre ce type de situation. Un copropriétaire qui connaît les règles est moins susceptible de les enfreindre.
Certains syndics proposent aussi des rappels annuels ou des chartes de travaux, envoyées aux résidents et affichées dans les halls d’immeuble. Elles rappellent les procédures à suivre, les autorisations à obtenir, et les conséquences en cas de non-respect.
Impliquer les copropriétaires, organiser des réunions informelles lorsque des travaux sont envisagés, ou encore instaurer un dialogue permanent via des outils numériques (groupes privés, plateformes de gestion) peut aussi aider à éviter les malentendus et les conflits.
En copropriété, mieux vaut prévenir que guérir. Les travaux réalisés sans autorisation ne sont pas seulement une atteinte aux règles communes, ils fragilisent la confiance entre résidents et exposent à des sanctions financières importantes. Pour les copropriétaires, s’informer, dialoguer et agir avec méthode reste la meilleure façon de faire respecter la vie collective.
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