« La laideur se vend mal » ne cessait de seriner le grand designer industriel et graphiste d’origine française mais naturalisé américain Raymond Loewy. Au point de l’inciter à coucher sur papier sa profession de foi dans un livre au titre reprenant ses mêmes mots, mais en la complétant d’un fort pédagogique commandement « ou comment rendre beaux les objets nécessaires ». Toute la philosophie du design contemporain s’est trouvée au fond résumée par le maestro. Une approche esthétique sur laquelle s’est finalement élaborée cette tendance du Home Staging. Un courant, comme son appellation l’indique né aux Etats-Unis à l’orée des années 1970.
« Le Home Staging est apparu précisément en 1972, année où un agent immobilier du nom de Barbara Schwarz s’est dit que les biens, lorsqu’on les visitait, renvoyaient souvent une image peu valorisante avec des affaires traînant ou du mobilier vieillot, ou au contraire des logements désespérément vides qui n’était pas très en valeur non plus. Autant de négligences qui, pour le coup, faisaient perdre des ventes en raison d’aspects finalement non liés intrinsèquement au bien que l’on achète » souligne Francky Boisseau, home-stagist de profession et fondateur du réseau Home-Staging Experts. « Barbara Schwarz a très clairement observé que la majorité des acquéreurs ayant du mal à se projeter dans un intérieur sans rapport avec leurs propres critères esthétiques, il fallait absolument les aider à dépasser leur impression première ». Et oui ! Si le Home Staging peut de prime abord apparaître comme une simple tendance déco, il s’avère au final bien plus que cela de par son art de mettre-en-scène un intérêt, non pas pour faire joli à l’œil, mais surtout pour susciter l’envie de l’acte d’achat !
Selon une idée communément admise dans l’immobilier consistant à dire qu’un acheteur se décide dans les quatre-vingt-dix premières secondes de la visite, mieux vaut que le bien à vendre séduise au premier coup d’œil.
Si la pratique du Home Staging est communément ancrée dans les us et coutumes de pays comme l’Angleterre ou la Suède, celle-ci n’a commencé à se profiler sous nos cieux hexagonaux qu’aux alentours de 2008. « Il faut savoir, pour expliquer cette arrivée tardive, que le Home Staging ne s’inscrit pas dans notre culture française. Autant comme en Europe du Nord la majorité des biens sont home-stagés, en France on ne s’en servait que dans le cas où se posait une problématique de vente, amenant le vendeur à s’y résoudre par manque de choix. Heureusement, ce qui n’est plus le cas en 2018… » selon Francky Boisseau.
Ce qui fait un tabac ces deux-trois dernières années, ce sont les logements d’investisseurs : il s’agit principalement d’appartements ou de maisons qui étaient destinés à la location et qui doivent à présent être vendus. Vides, ils sont peu ou pas attractifs (en fonction de leur emplacement géographique), sans visuels différenciants. Avec l’effet home staging (meubler et accessoiriser), ils se vendent rapidement au meilleur prix ! Gagner du temps, c’est gagner de l’argent…
Principalement le home staging facture sous forme de prestation forfaitaire au nombre de pièces. A titre d’exemple, une action de home staging incluant une première rencontre avec le propriétaire, la venue du home stagist pendant une à plusieurs journées pour meubler, ranger, agencer, décorer, amener le mobilier et les accessoires nécessaires qui seront prêtés pendant la durée de la vente, sans oublier l’intervention d’un photographe professionnel en charge de réaliser une dizaine de clichés qualitatifs destinés à la promotion, s’élève à environ 2 000 euros HT pour un trois pièces.
Certaines agences immobilières sont devenues adeptes du home staging, l’incluant dans le cadre d’un mandat exclusif. Si des agents immobiliers investissent aujourd’hui dans le home staging, c’est forcément parce que cela donne de bons résultats. Le jeu en vaut la chandelle…
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Source : 25 millions de propriétaires • N°octobre 2018
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