Audit énergétique : surprenant poison d'avril
Édito du président
Paru dans 25 millions de propriétaires • N°573 - Mai 2023
Opérationnellement le diagnostic de performance énergétique (DPE) trouve péniblement sa place et n’est toujours pas au point notamment pour les petites surfaces.
Certes, les diagnostiqueurs, nouveaux maîtres du jeu et au cœur de bien des enjeux voient leur filière mieux s’organiser et faire l’objet de nouvelles certifications. C’est une bonne chose. Le 4 avril, le Ministre du logement, Olivier Klein, a déclaré vouloir « renforcer les compétences et homogénéiser les pratiques ». C’est bien le minimum au vu des enjeux. Mais n’oublions pas que c’est bien de la méthode 3CL retenue pour établir lesdits diagnostics que proviennent les incohérences comme l’a d’ailleurs encore récemment souligné le mathématicien - auteur des méthodes de calcul - Bruno Slama. Le Gouvernement doit avoir le courage de revoir ce logiciel 3CL qui déclasse abusivement des millions de biens en bon état alors qu’une pénurie de logements à la location se profile en zone tendue. En parallèle et depuis le 1er avril, l’audit énergétique est instauré et rendu obligatoire à la vente des logements classés (F et G) en monopropriété. Cet audit réglementaire est censé permettre aux acquéreurs de ces logements de bénéficier d’une présentation de scénarios de travaux pour améliorer leurs performances énergétiques.
Quelle plus-
value, quelle valeur ajoutée si exceptionnelle pour cet audit par rapport au DPE actuel ? Il présente les mêmes défauts. Un défaut d’informations précises de la part du propriétaire entrainera de la même manière un déclassement d’une ou deux notes. Pensez donc bien à présenter le maximum de pièces à votre diagnostiqueur!
Le DPE compte des préconisations mais elles ne sont pas opposables. Plus grave avec l’audit énergétique c’est l’insécurité juridique qui se profile. Négociation de prix en vue certes, mais plus grave remise en question de l’achat si la performance promise n’est point au rendez-vous. Plus que jamais la qualité de l’expertise et du conseil s’avère capitale pour le propriétaire qui devra garder son sang-froid, comme vendeur bien sûr, mais comme bailleur également.
Paradoxalement, il y aura des gagnants qui auront su s’entourer d’un bon réseau d’artisans pour effectuer les travaux. La demande est là à l’achat, comme à la location. Le « mode projet » est bien - et plus que jamais d’actualité.
Christophe Demerson
Président de l'UNPI
@DemersonUNPI
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