La crise de la Covid-19, sanitaire puis économique, a durement touché la filière de la construction et de l’immobilier. Plus exactement, elle a semé les germes d’un choc à venir compte tenu des modes de fonctionnement de cette filière et des délais qui en découlent, mais aussi des mesures de soutien rapidement prises par le gouvernement lors du premier confinement.
Mais à la lumière des évènements récents, la question de la persistance ou pas d’une politique du logement se pose.
Elle n’est pas nouvelle en elle-même. De fait, la lecture attentive du Compte du logement, annexe de la comptabilité nationale, révèle qu’entre 2011 et 2019, le soutien au secteur sous forme d’aides diverses et variées s’est réduit de près de 5 milliards d’euros, alors que les prélève- ments assis sur le logement ne cessaient de progresser pour s’afficher en hausse de près de 19 milliards d’euros sur la période ! Il y a bien une politique qui vise à taxer l’immobilier, comme en témoigne sous forme de derniers avatars l’IFI ou le Prélèvement forfaitaire unique pour les seuls revenus des placements mobiliers. Mais pas nécessairement une politique du logement.
La crise semble avoir accentué le problème, avec des messages politiques contradictoires. Il ne faut plus ouvrir de nouvelles zones à la construction et reconstruire la ville sur la ville, mais les habitants des moyennes et grandes agglomérations, comme les élus locaux, ne veulent pas de densification. Il faut engager une rénovation énergétique massive du parc existant, mais on bloque les loyers et on transforme le système d’aide publique du CITE en MaPrimeRénov’, en excluant peu ou prou les ménages qui disposent des moyens pour engager de telles opérations. On prévoit une nouvelle règlementation pour construire mieux au regard de la performance environnementale sur le cycle de vie des bâtiments mais, dans la dernière ligne droite, on oublie d’associer les parties prenantes. La construction s’effondre et l’on peine à simplement maintenir le système d’aides en place.
Le constat gênerait moins si l’on pouvait dire qu’il n’y a plus de problème de logement en France. Nous en sommes cependant bien loin !
Je ne crois pas que la volonté manque à nos dirigeants, c’est une évidence. Mais les lignes directrices d’une grande et large politique du logement, d’une vision peinent à émerger.
Alors que la crise qui marquera cette fin de décennie rebat les cartes, je crois que nous avons un rôle fondamental à jouer pourredonner corps à cette vision. Et nous ne le pourrons qu’ensemble, en mobilisant nos connaissances, notre expérience du terrain pourpousser des idées auprès de ceux qui nous gouvernent et impulser des solutions efficaces.
La FFB s’est d’ores et déjà engagée dans cette voie sur plusieurs sujets. Elle compte poursuivre, en s’inscrivant dans une vision de moyen/long terme. Elle souhaite évidemment trouver l’UNPI à ses côtés dans une telle démarche.
Olivier SalleronPrésident de la Fédération française du bâtiment
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