Une proposition de loi visant à “réconcilier les propriétaires et les locataires” est en cours de préparation. Son contenu reste encore incertain, mais elle pourrait contenir quelques mesures très contestables. L’objectif annoncé est de réduire la vacance. Mais le texte pourrait produire des résultats inverses. Explications.
L’objectif de la proposition de loi qui figure dans son titre “réconcilier les propriétaires et les locataires” ne pourra pas être atteint par quelques mesures ponctuelles. Un réel équlibre de la relation locative supposerait de modifier en profondeur les droits et obligations des parties dans un objectif d’équité et imposerait pour commencer d’aborder une phase approfondie de concertation. Or les trois mesures qui sont envisagées sont très critiquables.
Pour limiter les contentieux, la première proposition vise à obliger tout locataire à confier son dépôt de garantie à un professionnel de l’immobilier qui consignera ces fonds. À la fin du bail, ce professionnel restituera le dépôt de garantie, sur la base d’un accord entre le propriétaire et le locataire. Le projet de mesure a évolué. Initialement il envisageait la création d’un tiers de confiance agréé, il s’agirait finalement d’un professionnel de l’immobilier choisi par le locataire.
Cette mesure est éminemment critiquable pour plusieurs raisons. - Elle remet en cause la faculté pour bailleur et locataire de conclure un bail directement, sans intervention d’un professionnel.
La deuxième proposition consiste à interdire à un bailleur de demander à son locataire de fournir plusieurs garants afin de lutter contre les abus. L’acte de caution est parfois mal rédigé ce qui nuit à sa sécurité juridique et parfois jugé socialement injuste.
Cette mesure est la moins polémique des trois. S'il est raisonnable pour un bailleur de s’entourer de garantie, il n’est pas opportun de multiplier les garanties qui peuvent apparaître comme constituant un frein excessif à l’accès au logement. Mais c’est souvent la crainte qu’une garantie soit inefficace qui pousse le bailleur à rechercher des garanties complémentaires.
Quoi qu’il en soit, il vaut mieux disposer d'un bon garant solvable que de plusieurs garants à la surface financière incertaine…
Le régime de la caution est un bon mécanisme de réassurance, bien connu et qui doit subsister.
La troisième proposition consiste à créer un nouveau type de mandat pour les administrateurs de biens. Ce contrat garantirait au bailleur le paiement du loyer et assurerait également les éventuels frais de dégradation et de procédure. Il s’agit de faciliter la mise en location de logements vacants, que les bailleurs hésiteraient à louer, rebutés par le risque d’impayés. Ce nouveau mandat mettrait en valeur le travail de l'administrateur de biens qui assurerait la sélection du locataire et les moyens pour assurer le recouvrement des loyers. Le bailleur aurait le choix entre :
Voir aussi sur cette question :
L’analyse du directeur de l'UNPI Pierre Hautus
dans le numéro de février de 25 millions de propriétaires