En vigueur depuis le 4 janvier 2006 et traduite dans le droit national par les Etats membres de l’Union Européenne, l’EPBD tend initialement à répondre aux engagements de l’Union Européenne dans le cadre du protocole de Kyoto (accord international visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre). Cette directive a été révisée en 2010 et 2018. Une refonte complète a été de nouveau proposée par la Commission européenne en décembre 2021 dans le cadre du cycle de politiques européennes pour le climat « Fit for 55 ». Ce cycle englobe douze propositions législatives, divisées en deux lots, pour accélérer la lutte contre le changement climatique, atteindre la neutralité climatique en 2050 et tenir l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% en 2030, par rapport à 1990.
L’EPBD fait partie du deuxième lot et est initialement passée quelque peu sous le radar. En effet, les parlementaires se sont davantage focalisés sur le premier lot de directives et régulations, qui se concentrait sur la question énergétique.
Le Conseil, qui représente les Etats membres, a adopté sa position sur le texte à la mi-octobre Octobre. Le Parlement a adopté le texte le mois dernier à 343 voix contre 216, pour 78 abstentions. Le texte final est attendu pour la fin de l’année, mais qu’en est-il de l’EPBD pour le moment ?
L’objectif de l’EPBD est de parvenir à un parc immobilier à zéro émission d’ici 2050. En ce sens, le texte adopté par le Parlement renforce l’ambition de la Commission et prévoit des mesures applicables sur le parc immobilier neuf et sur le parc immobilier ancien mais également des mesures communes qui, si elles devaient être adoptées en l’état, auraient un impact considérable sur le secteur immobilier :
Si les dispositions adoptées par le Parlement européen étaient définitivement mises en œuvre telles que proposées, elles pourraient signifier à terme l’interdiction de la location mais aussi des obligations de rénovation pour tous les autres biens – les mesures seront décidées par les Etats membres. Cela pourrait augmenter le nombre de logements visés par les éventuelles interdictions. En effet, les passoires thermiques représentent 16,7% des résidences principales françaises au 1er janvier 2022.
Ces mesures imposeraient donc des travaux de rénovation thermique sur 40 millions de bâtiments, soit 40 à 50% du parc immobilier en Europe.
NB : La Commission a donné la priorité à l’élimination progressive des systèmes de chauffage fonctionnant aux combustibles fossiles dans les nouveaux bâtiments et a proposé qu’aucune aide financière publique ne soit accordée à l’installation de chaudières à combustibles fossiles d’ici 2027. Compte tenu de la diversité des niveaux de dépendance à l’égard des chaudières à gaz dans les États membres de l’UE, la proposition ne prévoit pas d’interdiction à l’échelle européenne, mais fournit la base juridique permettant aux États membres d’interdire l’utilisation de combustibles fossiles dans les bâtiments.
Si l’objectif d’une telle directive est louable, de nombreux problèmes émergent :
Il va donc sans dire que le pire reste peut-être à venir pour vous. Si le gouvernement français pousse pour plus de sévérité, au sein de l’Union Nationale des Propriétaires Immobiliers (UNPI), nous sommes en faveur de mesures réalisables et pragmatiques.
Les trilogues à venir seront essentiels pour l’avenir de cette modification. L’orientation générale retenue par les représentants des exécutifs des Etats membres prévoit la suppression de l’obligation d’éradication des passoires thermiques proposé par la Commission en 2033 au profit d'une obligation de consommation moyenne d’énergie primaire du parc résidentiel des Etats membres au moins équivalente au niveau de performance énergétique D en 2033. À partir de 2040, un standard supérieur sera défini par les Etats membres en cohérence avec leur trajectoire progressive permettant d’atteindre un parc immobilier « zéro émission ». Par ailleurs, la bonne nouvelle nous vient des pays voisins comme l’Allemagne et l’Italie qui, au départ plutôt favorables à ces nouvelles mesures, adoptent une position beaucoup plus critique. Le ministre de la justice allemand, Marco Buschmann, a même déclaré que ces mesures étaient anticonstitutionnelles et contraires au droit de propriété.
Avec l’UIPI, nous ne manquerons pas de continuer de défendre vos droits jusqu’au plus haut niveau européen.
Source : 25 millions de propriétaires et vous • N°572 mars 2023